Huile de Nicholas Roerich, l'un des nombreux à avoir inspiré Dans les montagnes de la folie.
Il est surprenant qu'un auteur de la stature de HP Lovecraft mort seul et appauvri, bien qu'en réalité ce soit un drame plus courant qu'il n'y paraît. Personne n'est prophète dans son pays ou, comme c'est le cas, à son époque. Autant que Lovecraft lui-même a dit dans la vie qu '«un gentleman n'essaie pas de se faire connaître, il laisse le soin aux carriéristes égoïstes et aux petits», il est évident qu'il était délirant. Son code de conduite strict (ou ses aspirations supprimées, selon certains biographes) l'ont empêché de connaître un succès commercial. Certes, son honneur, terme désormais dépassé même au début du XXe siècle, est louable. Pour reprendre les mots de l'écrivain français Michel Houellebecq: «À une époque de mercantilisme, il est réconfortant de trouver quelqu'un qui refuse si obstinément de« se vendre ».
Ce que même les critiques de l'écrivain Providence (parmi lesquels nous pourrions citer Ursula K.Le Guin) doivent admettre que art influencé de manière décisive des générations ultérieures. Sa mythologie transcendée pâte à papier y souterrain jusqu'à la culture de masse. Aujourd'hui, une grande partie du public sait, du moins par ouï-dire, Cthulhu autant que Batman ou Frodon. Les tentacules du récit de Lovecraft se prolongent dans des œuvres aussi disparates que le film Alien: le huitième passager de Ridley Scott (1979), le roman visuel Merveilleux tous les jours: existence discontinue par SCA-JI (2010) ou la chanson Perdus in la glace du groupe Rage (1993), qui passe en revue les événements du court-métrage Dans les montagnes de la folie. C'est précisément ce travail que nous allons discuter.
Dieu est un astronaute
Le paysage m'a rappelé un peu les peintures asiatiques étranges et dérangeantes de Nicholas Roerich, et les descriptions encore plus étranges et dérangeantes du plateau diabolique et fabuleux de Leng qui apparaissent dans le terrifiant `` Necronomicon '', de l'arabe fou Abdul Alhazred. Plus tard, j'ai été très désolé d'avoir feuilleté ce livre monstrueux dans la bibliothèque universitaire.
Lovecraft souffert d'un rare cas de poïkilothermie (incapacité à réguler la température corporelle indépendamment de la température ambiante), ce qui le rend vraiment malade à des températures inférieures à 20 °, surtout vers la fin de sa vie. Pour cette raison, il est particulièrement frappant qu'une de ses meilleures histoires se déroule en Antarctique, comme si ce continent laissé par la main de Dieu lui avait causé une fascination morbide.
Couverture de l'édition de Cátedra de Dans les montagnes de la folie.
L'argument Dans les montagnes de la folie est en principe simple: le géologue Guillaume teinturier il raconte à la première personne son voyage avec un groupe de scientifiques en Antarctique, et les horreurs indescriptibles qu'ils découvrent dans une ville, perdue dans la glace, qui ne devrait pas exister. Le roman est très vaguement inspiré par Le récit d'Arthur Gordon Pympar Edgar Allan Poe. Il n'y a pas un seul dialogue entre ses pages, peut-être à cause d'une décision esthétique, ou parce que l'auteur lui-même était conscient de son incapacité à écrire des conversations réalistes (comme le souligne Stephen King dans son essai Pendant que j'écris). Dans tous les cas, Lovecraft utilise les humains comme de simples pions pour raconter une histoire beaucoup plus ancienne et plus terrible que l'humanité elle-même.
Son sang coule dans mes veines
Les ailes, cependant, suggéraient avec insistance sa condition aérienne. […] C'était tellement inconcevable que j'ai étrangement rappelé à Lake les mythes sur les Grands Anciens qui descendaient des étoiles et fabriquaient la vie terrestre par plaisanterie ou par erreur, et les histoires folles d'êtres cosmiques de l'extérieur qui vivaient dans les montagnes, de le parlé par un collègue folkloriste du Département Miskatonic de Littérature Anglaise.
Le livre n'est pas un conte d'horreur, dans le style de la tradition gothique des fantômes et des vampires, mais une histoire de horreur cosmique qui explore à quel point nous sommes insignifiants au milieu du vaste univers. Le terrifiant de Dans les montagnes de la folie c'est son apparence comme un rapport scientifique impartial («le glacier était à 86 ° 7 ′ de latitude et 174 ° 23 ′ de longitude est» ou «la pyramide mesurait 15 m de haut sur 5 m de long»). Comme si c'était vraiment arrivé. Paradoxalement, l'utilisation systématique par Lovecraft du vocabulaire technique produit un effet poétique très puissant.
En approfondissant les questions lexicales, l'auteur utilise tout ce qui est compris comme des erreurs de débutant (profusion d'adjectifs et d'adverbes, utilisation de synonymes archaïques ou farfelus, etc.), qu'il fait sien et vole comme une bannière. Cela donne au texte le caractère d'une dissection approfondie, plus que de la description. Pour Lovecraft, les temples ne sont pas grands, ni énormeMais cyclopéen y mégalithique. Ce qui se traduit par une sorte d'anachronie et d'irréalité qui affecte l'humeur du lecteur au fur et à mesure que l'histoire avance.
Vous pourriez parler longuement de Dans les montagnes de la folieMais il suffit de dire qu'il s'agit d'une pièce maîtresse de la littérature de science-fiction et d'horreur du XXe siècle. Une grande partie de ce que nous lisons aujourd'hui doit beaucoup à ce roman. Très probablement, dans un proche avenir, il sera sur les lèvres du grand public, puisque le célèbre réalisateur Guillermo del Toro (qui a remporté plusieurs Oscars pour La forme de l'eau) flirte avec l'idée d'une version cinématographique depuis des années.